Dossier d’œuvre architecture IA95000502 | Réalisé par
Bussière Roselyne (Rédacteur)
Bussière Roselyne

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Sol Anne-Laure (Rédacteur)
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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  • enquête thématique régionale, villégiature en Île-de-France
château de Dino
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Ile-de-France
  • Commune Montmorency
  • Adresse 74 avenue Charles-de-Gaulle
  • Cadastre 2015 ac 62
  • Précisions
  • Dénominations
    château

Le château du duc de Dino fait partie du patrimoine de la ville de Montmorency depuis plus d’un siècle. Son histoire fut rythmée par le développement de la villégiature au XIXe siècle, les rêves de confort de ses différents propriétaires et les démembrements successifs de son parc.

Les origines du château

À la fin du XVIIIe siècle, là où se dresse le château de Dino aujourd’hui, se trouvait un domaine bien plus vaste, le parc de Montmorency. Trois châteaux y furent successivement construits du XVIIe au XIXe siècle ; le Petit Château de Le Brun, le Grand Château de Pierre Crozat et le Château du duc de Dino. L'origine de ce parc remonte au 29 décembre 1629, lorsque le duc Henri II de Montmorency fait don au sieur Nicolas Desnots, conseiller du roi et trésorier général des bâtiments, d’un ancien vivier à poissons qui jouxte sa propriété en contrebas de la Collégiale Saint-Martin. Il s'y fait construire une maison de campagne et y aménage un jardin d'agrément sur le modèle italien. Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, le premier peintre du Roi-Soleil, Charles Le Brun, désire s'éloigner des intrigues de la cour. Il possède un terrain en face de l’ancienne propriété Desnots et s’y fait élever une maison de campagne de style classique. Au début du XVIIIe siècle, le richissime financier toulousain Pierre Crozat, trésorier de France, acquiert le domaine et l'agrandit aussitôt de plusieurs parcelles. Le parc de Montmorency atteint alors sa dimension maximale, environ 15 hectares. Trouvant le Petit Château trop étroit, il fait élever sur la nouvelle parcelle, le long de la rue de Paris (aujourd’hui avenue Charles de Gaulle), un Grand Château sur les plans de l’architecte Cartaud. C’est une maison de campagne de trois étages qui comporte quatorze appartements, une chapelle et un grand salon à l'italienne paré d'un magnifique plafond peint par La Fosse. En 1719, il orne le parc d'une orangerie semi-circulaire sur les dessins de Gilles-Marie Oppenord. Quant au Petit Château, après quelques modifications, il offre des appartements aux nombreux hôtes en villégiature à Montmorency. Le maréchal de Montmorency-Luxembourg, acquiert le domaine en 1750. Jean-Jacques Rousseau y est convié à plusieurs reprises et séjourne même au Petit Château lors de la rénovation du Mont-Louis en 1759. En 1791, le domaine est racheté par le Syndic d’une compagnie d’agents de change, Jean Nicolas Guesdon. Le nouveau propriétaire procède à des transformations importantes. Le Petit Château est rasé tandis que le parc est entièrement réaménagé en un jardin à l’anglaise, plus en vogue à cette époque. Vingt ans plus tard, le comte Antonio Aldini, ministre d’Etat du Royaume d’Italie se porte acquéreur du parc. Il entreprend la rénovation du Grand Château mais couvert de dettes, et après la chute de l'Empire, il s’enfuit de Montmorency en 1817. La propriété est donc saisie et vendue la même année pour la somme de 103 000 francs à l’entrepreneur de travaux publics, Durand Bénech. Ce dernier entreprend la démolition méthodique du grand château. La propriété est donc saisie et vendue la même année pour la somme de 103 000 francs à l’entrepreneur de travaux publics, Durand Bénech. Ce dernier entreprend la démolition méthodique du grand château .Une fois le château rasé, le parc de Montmorency est démembré en quatre lots; le jardin potager, le parc de l’Orangerie, le petit parc (le long de la rue des Granges) et le grand parc (le long de la rue Saint-Denis à la rue de Paris). L’orangerie et les deux dépendances du Grand Château demeurent ainsi les seuls témoignages du glorieux passé du parc de Montmorency. Le lot du grand parc est acquis en 1819 par un certain M. Leroux. Les deux dépendances du Grand Château s’y dressent toujours le long de la rue de Paris. Situées de chaque côté de l’ancienne entrée principale, elles sont réaménagées. Celle de gauche est probablement transformée en maison d’habitation de deux étages, élevée sur caves. En 1826, M. Prévost acquiert la propriété de l’ancien château de Montmorency. Il entreprend alors, de profondes rénovations de la maison.

L’histoire du château du duc de Dino.

C’est en 1878 que débute l’histoire du château du duc de Dino, alors désigné sous le vocable « château de Montmorency », lorsqu’un banquier achète le domaine du grand parc. D’origine alsacienne, Isaac Léopold Sée est issu d’une famille de banquiers qui bénéficia d’une fulgurante ascension sociale au XVIIIe siècle. Il dirige la succursale de la banque familiale à Paris. Le banquier y réussit de brillantes affaires en soutenant de grands emprunts publics et en investissant dans la création des chemins de fer nantais. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1877. Fort de son succès professionnel, il décide de se faire construire une maison de villégiature, écrin de sa réussite sociale à Montmorency. Il souhaite donc agrandir sa maison récemment acquise afin de la transformer en une véritable résidence de villégiature. Pour ce faire, il s’adjoint les services de l’architecte local, Pierre Victor Cuvillier [Né à Saint-Denis en 1844 et mort à Montmorency en 1907. Principales réalisations : Château de Mortier, de l’Orfrasière et hôtel particulier du marquis de Bailleul, avenue Wagram à Paris].

Celui-ci se lance alors dans un projet d’envergure, élever un château agrémenté de magnifiques communs. Il choisit de rénover la maison d’origine et d’y adosser deux nouveaux corps de logis de style éclectique. Après six années de travaux, le château et les communs sont achevés en 1885. Cependant, la famille Sée en profite très peu puisque le banquier perd toute sa fortune en bourse la même année. La propriété et son mobilier sont aussitôt mis en vente.

Le château gagne ses lettres de noblesse

Dès 1886, la propriété trouve un nouvel acquéreur en la personne de Madame Adèle Livingston-Stevens. Elle souhaite y profiter des beaux jours en compagnie de son fiancé, le marquis Charles Maurice Camille de Talleyrand-Périgord, futur duc de Dino. En 1888, le château est racheté par le duc de Dino à sa femme. Dans le but de s'approprier la demeure et d'en améliorer le confort, le couple se lance dans une deuxième phase de construction et fait probablement appel à Pierre Victor Cuvillier. L’architecte réalise les agrandissements et reste fidèle à la ligne architecturale dressée par ses soins moins de 10 ans auparavant. Les travaux sont essentiellement réalisés dans l’aile sud qui correspond à l’ancienne maison d’habitation. Le château est donc partiellement rénové et redécoré au chiffre du duc de Dino. Dès lors, le château offre tout le confort moderne : eau, gaz, chauffage à air pulsé, ascenseur, électricité et téléphone. En outre, trois magnifiques salles de bains réalisées par les frères Parvillée y sont aménagées autour de 1889. Enfin, une grille, décorée de deux D entrecroisés rappelant le titre et le nom du propriétaire, est posée le long de la rue de Paris. Dès 1891, le château présente une unité architecturale bien plus homogène que sous Isaac Léopold Sée. Elle est caractérisée par la diversité de ses couvertures et percements mais aussi par sa volumétrie complexe et sa polychromie. Les toits sont ornés de magnifiques crêtes de toit, épis de faîtage et pot à feu. Quant aux façades, elles sont parées de médaillons à l’antique, de rosaces, mascarons, grotesques et d’une grande diversité de chapiteaux et de frontons. Le couple de propriétaires se sépare à la fin du XIXe siècle. Le parc est alors démembré en 8 lots et mis en vente en 1901. Cependant, le château peine à trouver un nouvel acquéreur. Le domaine est donc loué à un banquier, cousin du célèbre dramaturge Edmond Rostand. Souffrant de congestion pulmonaire, celui-ci y séjourne quelques mois au début du XXe siècle. Sarah Bernardt lui rend visite à plusieurs reprises. Le château trouve un nouvel acquéreur en la personne de Pierre Juppet, ancien négociant et conseiller de commerce extérieur en 1906. Puis, devient la propriété du chimiste Paul Basset en 1921.

En 1943, le domaine de Dino est inscrit sur « l'Inventaire des sites dont la conservation présente un intérêt général ». L’édifice est partiellement occupé par le bataillon de la sécurité militaire des Communications de mai 1945 à mai 1946. En 1958, le château est acquis par l'Association française de Cautionnement mutuel. Celui-ci divise le parc. Un groupe d’immeubles est construit sur l’une des nouvelles parcelles en 1966. En 1978, l’association en faveur de la protection à l’enfance, La vie au grand air, acquiert le château. Bâtiment communal depuis 1991, le château est occupé par l’association Mars 95 qui intervient dans le cadre de la Protection à l’Enfance dans le Val-d’Oise.

La partie ouest du château date de la 1ere phase de construction (1879-1885) par l’architecte Pierre Victor Cuvillier. La partie est correspond à la 2e phase de construction (1888-1891), attribuée à l’architecte Pierre Victor Cuvillier.

Les extérieurs

Les façades sont principalement d’inspiration néo-renaissance italienne bien que d’autres styles soient suggérés. Elles sont caractérisées par la diversité des couvertures et des percements mais aussi par leur volumétrie complexe et leur polychromie. Elles sont parées de médaillons à l’antique, de rosaces, mascarons, grotesques et d’une grande diversité de chapiteaux et de frontons. Quant aux couvrements, ils sont ornés de crêtes de toit, d’épis de faîtage et de pots à feu qui accentuent la verticalité de l’édifice. Face au château, les communs appartiennent également à la tendance éclectique et répondent à l’architecture du château avec une fine homogénéité. La façade du corps central percée de trois grandes ouvertures traduisent encore son utilisation originale, puisqu’il abritait une orangerie.

Les intérieurs

Le bâtiment est élevé sur caves avec cour anglaise. Le rez-de-chaussée du château comprend notamment trois salles de réception dont un grand hall de 100m2 surplombé d’un escalier d’honneur (style François Ier), une salle à manger lambrissée d’inspiration Renaissance avec une cheminée Henri II et un salon de style Louis XVI à la décoration architecturée. Il est surmonté d’un belvédère. Le château comprend également trois magnifiques salles de bains (une de style mauresque avec une piscine de marbre encastrée, une appartenant à la tendance naturaliste et une autre d’inspiration héraldique). Réalisées par les frères Parvillée en 1889, elles illustrent parfaitement la tendance éclectique de l’ensemble.

Le vitrail de style Troubadour qui éclaire l'escalier d'honneur est dû à l'atelier parisien Prost-Lannes.

  • Murs
    • brique brique avec pierre en remplissage enduit
    • calcaire
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit conique
    • toit polygonal
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Techniques
    • sculpture
    • céramique
    • vitrail
  • Représentations
    • armoiries, mufle de lion, tête humaine, cuir découpé
  • Précision dimensions

    Le château se trouve sur un terrain de 24 450 mètres carrés. Il présente une façade de 300 mètres pour une profondeur de120 mètres. La superficie du château est de 420 m2 . Celle des communs s'élève à 675 m2 .

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Précisions sur la protection

    Le château de Dino a reçu le label Patrimoine d'intérêt régional en 2018.

Documents d'archives

  • Cadastre Napoléonien, 3P2786-Section D, la ville, troisième feuille, 1832-1832.

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : 3P2786
  • Cahier des charges 2E94 235. Deuxième étude notariale de Montmorency, Maître Coursault (Jean Théodore Eugène), Minute notariale du 18 mai 1884.

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : 2E94 235
  • Archives municipales Montmorency. B45/III(2). Eléments biographiques sur Cuvillier Pierre-Victor, communiqués par Vieira (1.04.01) accompagnés de photocopies de 2 châteaux (l'Ofraisière ; le Mortier). B45/III(2).

    Archives municipales, Montmorency : B45/III (2)
  • Musée Jean-Jacques Rousseau. Montmorency. Fonds d'archives patrimoniales. PR10(1). Château de Montmorency : catalogue du somptueux mobilier des objets d'art, tableaux, tapisseries, voitures, plantes dont la vente aura lieu par le ministère de Me Coursault, 1886

  • Archives municipales Montmorency. B40/I. Deuxième étude notariale de Montmorency, Maître Bablot, Minute notariale du 28 décembre 1888, Etablissement de la propriété du Duc de Dino,

    Archives municipales, Montmorency : B40/I

Bibliographie

  • Gronier (C.), Léon Parvillée : dialogue entre architecture et arts décoratifs, Émotions patrimoniales,2009, N°17.

  • Aubert (J.), Les grandes heures de Montmorency et de ses environs, éd. Horvath, Roanne, 1983.

Périodiques

  • Notice nécrologique de Sée, Isaac Léopold, Le réveil de Seine et Oise, 15 janvier1920

Documents figurés

  • Capaul, Albert, SFI40-« Château de Montmorency », Fonds Capaul, , 1880-1885

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : SFI40
  • Archives municipales Montmorency. GD12/I(41). Château du duc de Dino. - Vue du château du duc de Dino (repro. photographique) - Plan imprimé du lotissement du parc, 1904

    Archives municipales, Montmorency : GD12/(41)
  • Archives municipales Montmorency. D8d/IV (13). Bablot Georges, Affiche de la vente par adjudication du château de Montmorency, 22 juin 1901

    Archives municipales, Montmorency : D8d/IV (13)

Annexes

  • Description de la propriété en 1885
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Bussière Roselyne
Bussière Roselyne

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Sol Anne-Laure
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