Dossier d’œuvre architecture IA78002312 | Réalisé par
Sol Anne-Laure (Contributeur)
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Girard Fanny (Contributeur)
Girard Fanny

Stagiaire au service de l'Inventaire d'Ile-de-France en février 2020

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  • enquête thématique régionale
Atelier d'André Derain
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Ile-de-France
  • Commune Chambourcy
  • Lieu-dit La Roseraie
  • Adresse 64 grande rue

Cette maison, construite à la fin du XVIIe ou début du XVIIIe siècle et anciennement nommée la Roseraie, a d’abord appartenu à Claude Bigot de Sainte-Croix, puis à une famille de marchands d’estampes, les Bassan. Elle a ensuite été achetée le 23 juillet 1935 par André Derain, qui souhaitait y rassembler ses possessions après la vente de ses autres propriétés. Après avoir fait quelques travaux, notamment abattre des cloisons pour aménager un grand atelier, ce dernier s’y installe en 1936 avec son épouse. Malgré la création de cet atelier, André Derain continue de travailler à Paris, d’abord dans l’atelier de Balthus à Saint-Germain-des-Prés, puis dans le vaste atelier de Léopold-Lévy au 112 rue d’Assas, qu’il lui loue ensuite à partir du 15 juillet 1939. André Derain avait également aménagé un atelier d’été dans une serre dans le jardin, qui permettait de réaliser des œuvres de grand format (cette serre a cependant disparu après l’expropriation d’une partie du terrain pour construire la rue André Derain qui coupe le parc en deux. La seconde partie du terrain a ensuite été vendu à une entreprise qui a détruit les éléments subsistants). Le pavillon jouxtant la maison avait aussi été transformé en atelier de sculpteur, avec un tour de potier et un four.Pendant la Seconde Guerre mondiale, la maison est réquisitionnée par l’armée allemande et occupée par des soldats, qui transforment le premier étage en cantonnement, bouleversant ainsi l’aménagement de l’atelier. Les Allemands transforment également une partie du rez-de-chaussée en garage, cassent les murs pour y faire entrer des voitures, dégradent les installations électriques et conduites d’eau et de gaz, et démolissent quelques statues du XVIIe siècle présentes dans le parc. Pendant cette période, André Derain quitte tout d’abord la maison et habite un temps à Paris dans un appartement loué, puis Derain réintègre la maison de Chambourcy et y cohabite avec les Allemands, avant de repartir s’installer à Paris. Il travaille alors toujours dans l’atelier du 112 rue d’Assas. Après le départ des Allemands de la Roseraie en avril 1941, quelques travaux sont entrepris. Le pavillon de chasse, où se trouvait auparavant un atelier de sculpteur, a été réhabilité en logement pour la famille de la nièce d’André Derain, Geneviève Taillade. Le bâtiment principal a également été restructuré, pour accueillir l’artiste, son épouse, le fils qu’André Derain eut avec une de ses maîtresses, surnommé Bobby, et des domestiques. Il semblerait que Derain a aménagé dans la maison de Chambourcy un atelier prolongé par une véranda au rez-de-chaussée, encombré d’œuvres, et un atelier au premier étage donnant sur une vaste terrasse. Ce dernier atelier a été reconstitué récemment. Derain a également fait édifier au fond du parc un bâtiment dévolu à ses travaux de sculptures. Il fait aussi restaurer le toit, récupérant à l’occasion de cette intervention du fer, du cuivre, du zinc et du plomb qu’il utilise pour créer quelques sculptures. Son épouse, Alice Derain, se réinstalle dans la demeure dès octobre 1943, et y accueille Geneviève Taillade et sa famille. André Derain ne les rejoint qu’en 1945. En 1946, André Derain quitte l’atelier de la rue d’Assas pour réinvestir ses ateliers dans sa demeure de Chambourcy. A sa mort le 8 septembre 1954, André Derain lègue la maison de Chambourcy à sa nièce Geneviève Taillade. Les deux enfants de cette dernière, François et Geneviève Taillade, en héritent ensuite à leur tour. Ils la vendent le 14 avril 1988 au docteur Albert Badault et son épouse, qui s’y installent avec leurs enfants. Ils réalisent d’importants travaux qui n’affectent cependant pas l’atelier, protégé par un accord passé entre anciens et nouveaux propriétaires pour conserver cet espace.Le 17 octobre 2014, la mairie de Chambourcy acquiert la maison-atelier d’André Derain et entreprend des travaux pour reconstituer l’atelier et l’ouvrir au public : un cerclage est posé à l’extérieur pour maintenir la maison, et toute l’électricité, l’eau et les peintures sont refaites. Le parc a également été réaménagé et est ouvert au public depuis juin 2018. La maison-atelier a quant à elle été inaugurée le 12 octobre 2019 à la fin des travaux. Présentant l’atelier reconstitué et quelques œuvres graphiques d’André Derain, elle est ouverte au public depuis janvier 2020.

  • Période(s)
    • Principale : limite 17e siècle 18e siècle , daté par source
    • Secondaire : 1ère moitié 19e siècle , daté par source

La maison-atelier d’André Derain est une maison de maître construite à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle. Anciennement nommée la Roseraie, elle a été remaniée au XIXe par le peintre André Derain, qui s’y installe et y crée plusieurs ateliers : un au premier étage, un autre pour les grands formats dans une orangerie présente dans le jardin, aujourd’hui détruite, et semble-t-il un autre atelier avec véranda au rez-de-chaussée et un atelier de sculpture d’abord dans le pavillon jouxtant la maison puis dans un bâtiment fonctionnel placé au fond du parc, tous disparus.

La maison comporte deux étages et cinq travées de fenêtres. Elle est décorée d’un fronton percé d’un oculus sur les façades donnant sur cour et sur jardin. La maison est couronnée d’un toit brisé, dit comble à la Mansart, avec la pente supérieure du versant en tuiles de couleurs différentes et la pente inférieure en ardoise. La façade sur jardin présente une grande alcôve au rez-de-chaussée, qui ne date pas de l’époque de la construction mais était déjà présente lorsque Derain y habitait. Sur cette alcôve a été placée une grande terrasse au premier étage. La maison a été agrandie par un petit espace faisant office de salle de bain, placé au-dessus d’un pavillon qui la jouxte. Ce pavillon avait tout d’abord été transformé en atelier de sculpteur et comportait un tour de potier et un four, puis avait été réaménagé en logement pour la nièce de Derain, Geneviève Taillade, et sa famille.

L’aménagement intérieur décompose l’espace en plusieurs espaces. Le rez-de-chaussée est composé de grandes pièces qui ont été réaménagées en espaces de réception. L’atelier se trouve au premier étage dans la partie droite de la demeure (considérée depuis la façade sur cour), tandis que la partie gauche était aménagée en chambres. L’atelier présente une double-exposition, avec deux fenêtres au nord et deux autres au sud. Il donnait au nord sur une grande terrasse surplombant le parc.

Lorsqu’André Derain y habitait, la maison s’inscrivait dans un parc de trois hectares dans lequel étaient dispersées des statues néoclassiques, une pièce d’eau, une cascade artificielle et des fabriques, notamment un temple de l’Amour décoré de vitraux. S’y trouvaient également les bâtiments d’une ancienne ferme, un potager, un terrain de tennis et une orangerie transformée en atelier. Des animaux peuplaient également le parc.

Des travaux récents ont remis en état la demeure et l’ont consolidée, notamment par la pose d’un cerclage à l’extérieur pour maintenir la maison qui commençait à pencher, et la peinture des murs a été refaite.

  • Murs
    • pierre enduit
  • Toits
    ardoise, tuile
  • Précision représentations

    Les parquets d’origine ont été conservés, notamment un parquet adoptant la forme d’une rosace sur le palier du premier étage. Les caves sont également d’origine et présente une voûte ronde. Les vitraux décoratifs datant du XIXe siècle ont été récemment restaurés, ils étaient présents lors de l’occupation de la maison par André Derain et sa famille. Les peintures des murs ont été refaites. Les murs de l’atelier étaient recouverts de toiles peintes vertes, qui ont été remplacées. Quelques fragments témoignant de ce revêtement ont été préservés et remontés par endroit, notamment un fragment présentant un dessin de la main d’André Derain. Les murs du rez-de-chaussée ont quant à eux été repeints dans des teintes neutres et sobres, s’écartant de l’esthétique ancienne plus colorée des pièces (une pièce peinte en rouge, une autre en bleu).

    L’atelier a été reconstitué d’après des photographies et le témoignage des petits-neveux d’André Derain, François et Geneviève Taillade. Ces derniers ont prêté à la ville de Chambourcy les items placés dans cette reconstitution (palettes, chevalet, pinceaux, pigments, objets personnels, presse à bras, œuvres, objets de la collection de l’artiste, etc.).

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1986
  • Précisions sur la protection

    La maison et une partie de son parc sont inscrites au titre des Monuments Historiques par l’arrêté du 22 avril 1986.

Bibliographie

  • Michel Charzat, André Derain. Le titan foudroyé, 2015, Paris, éditions Hazan

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Sol Anne-Laure
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Girard Fanny
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Stagiaire au service de l'Inventaire d'Ile-de-France en février 2020

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