Implanté sur le plateau briard, et jusqu’alors enserré dans ses murailles, le bourg fortifié de Fontenay-Trésigny commence à se développer dès la seconde moitié du XIXe siècle sur les Bordes, terres situées à l’est de la vieille ville, où sont érigés une mairie-école (1852) et le lavoir public couvert du Trou Barbet (1853).

Face à l’augmentation de la population ouvrière, dont une majeure partie travaille à la tuilerie de Visy et ne dispose d’ « aucun moyen d’assurer sa propreté corporelle », l’ancien instituteur Hippolyte Henry, devenu maire de la commune en 1908, fait voter comme « nécessité publique » l’établissement de bains-douches à Fontenay-Trésigny. Eloquent témoignage de son œuvre philanthropique à la tête de la municipalité, le bâtiment est construit par Georges Faix, architecte à Coulommiers et inauguré en 1911.

"Il n'existe à Fontenay aucun établissement de bain public et très peu de personnes possèdent des baignoires. La population est plutôt composée d'ouvriers que de propriétaires et les habitants, en l'absence de cours d'eau quelconque, n'ont aucun moyen d'assurer leur propreté corporelle si indispensable à leur santé. Un établissement de bains-douches à bon marché est absolument nécessaire. La ville a déjà fait un gros sacrifice en affectant à la construction 10 000 francs, elle ne peut faire davantage et demande à la Commission des Jeux instituée auprès du Ministère de l'intérieur par la loi du 15 juin 1907 de bien vouloir accorder à la commune une subvention pour arriver au but proposé. Le projet dressé par l'architecte s'élève à 31 000 francs" précise en 1908 Hippolyte Henry, en sollicitant des crédits issus du produit des jeux (la loi de 1907 avait instauré un prélèvement de 15% sur le produit brut des jeux au profit d'œuvres d'assistance, de prévoyance, d'hygiène ou d''utilité publiques).

Dès 1911, les bains-douches de Fontenay-Trésigny sont ouverts trois jours par semaine ; la douche y est délivrée moyennant 25 centimes pour les personnes habitant Trésigny et 40 centimes pour les personnes étrangères à la commune. Les enfants de l'école peuvent y prendre une douche pour 10 centimes.

Alimentés en eau grâce à leur raccordement à la source Morin de Marles-en-Brie, ces bains-douches restent en fonctionnement jusqu’à la livraison, en 1962, des premiers logements sociaux de la rue Le Nôtre, des HLM dotés de l’eau courante et de salles de bain.

Transformés en bibliothèque publique à la toute fin des années 1980 par le maire Claude Arnaud, les bains-douches sont réinvestis par le Cercle historique fontenaisien, qui y a ouvert en 2018 un musée consacré à la vie locale autour de 1900, à partir des recherches aux archives entreprises par Hippolyte Henry et d’une collection riche de plus de 2000 objets (outils, mobilier, etc.).