Dossier d’œuvre architecture IA77001062 | Réalisé par
Pierrot Nicolas (Contributeur)
Pierrot Nicolas

Conservateur en chef du patrimoine, en charge du patrimoine industriel, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Hourdebaigt Cindy (Rédacteur)
Hourdebaigt Cindy

Stagiaire au service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France, de novembre 2022 à février 2023.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel et artisanal des communes de la vallée de la Seine en Seine-et-Marne
Montereau-Fault-Yonne - Câblerie SILEC
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Département de Seine-et-Marne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Seine-et-Marne - Montereau-Fault-Yonne
  • Hydrographies Seine (la)
  • Commune Montereau-Fault-Yonne
  • Adresse 6 rue de Varennes-Prolongée
  • Cadastre 2000 AV 6, 7, 483, 484, 486, 290, 561 Montereau-Fault-Yonne ; 2000 B 327 à 333, 353, 354, 833, 899, 900, 901 Varennes-sur-Seine
  • Précisions oeuvre située en partie sur la commune de Varennes-sur-Seine
  • Dénominations
    câblerie
  • Appellations
    Société industrielle de liaisons électriques de Chalettes SILEC (1934-2005), puis SILEC Cable, groupe General Cable (2005-2018), puis Prysmian Group (depuis 2018)
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    bureau, atelier de fabrication, laboratoire d'essais, aire des produits manufacturés, chaufferie, tour, puits

L'expansion territoriale de la SILEC s'effectue sur une cinquantaine d'années par l'absorption successive d'usines environnantes dont le bâti, en grande partie conservé, est reconverti pour les besoins de l'entreprise. Après l'installation à Montereau-Fault-Yonne permise par le rachat de la scierie Jodot, c'est ensuite la rachat de la tannerie Jaudin-Carré et surtout celui de l'usine de construction métallique Besson qui permettent à la SILEC de doubler son emprise territoriale.

Petite fabrique de câbles électriques en 1934, la SILEC (Société Industrielle de Liaisons Electriques de Chalette) occupe aujourd'hui 43 hectares (le terrain d'assiette des constructions s'étend sur 33 hectares auxquels il faut ajouter les espaces occupés par la logistique ferroviaire), emploie 882 salariés (1350 au moment de l'enquête) et compte parmi les premiers fabricants mondiaux de câbles divers, depuis la fibre optique jusqu'aux câbles à très haute tension. L'entreprise et son usine se sont développées au rythme de l’équipement électrique et téléphonique de la France, par l'acquisition successive d’entreprises installées au nord de la plaine de Varennes depuis le début du XXe siècle. En effet, le cœur industriel de Montereau manque d'espace depuis la fin du XIXe siècle pendant qu'à l’ouest, sur le territoire de Varennes-sur-Seine, la plaine horticole est conquise par l’industrie à partir de 1889 suite à la construction des « gares d’eau » – ports de transbordement des marchandises – du Paris-Lyon-Méditerranée (PLM) et de la Compagnie des chemins de fer départementaux (CFD).

Plan chronologique de la câblerie SILEC. © Région Île-de-France. Dessin : Julien Delannoy, architecte DPLGPlan chronologique de la câblerie SILEC. © Région Île-de-France. Dessin : Julien Delannoy, architecte DPLG

La SILEC est fondée à Chalette-sur-Loing en 1932 par l’ingénieur polytechnicien Alfred Dhome pour fabriquer les 450 kilomètres de câbles téléphoniques de la ligne Maginot [1]. Dès 1934, la nécessité de s'agrandir tout en restant à moins de 80 kilomètres de Paris, sur un site bien desservi par les transports, conduit l'entreprise à s'installer à Montereau-Fault-Yonne sur un terrain de 17 hectares mis en vente par la « scierie et fabrique de wagons » Jodot, elle-même installée le long de l'embranchement de la Compagnie des chemins de fer départementaux (CFD) depuis le début du XXe siècle [2]. En 1934, les anciens bâtiments de la scierie Jodot sont immédiatement réaffectés en bureaux, poste de garde et laboratoire (n°1 sur le plan ci-dessus). Entre 1934 et 1949 sont élevées et successivement agrandies 7 halles accolées au nord (devenus CT1, n°2), destinées à la fabrication des câbles téléphoniques – conducteurs en cuivre isolés au papier sec avec une armature en plomb – et de câbles d’énergie isolés au papier imprégné, mis en œuvre par rubanage. Durant les années 1950, l’isolation par extrusion de polymères de synthèse se généralise dans l’industrie du câble. L’essor de la demande est fulgurant. La SILEC fournit EDF en câbles à haute et basse tension, équipe des navires – câbles Butylec pour le paquebot France en 1958 –, fournit les Charbonnages de France en câbles souples. De nouvelles halles seront ajoutées côté nord à plusieurs reprises entre 1967 et 1972 (n°9). Le bâtiment C-D, première plateforme de réception et de contrôle des câbles, est construit juste avant la Seconde Guerre mondiale, puis agrandi côté nord en 1956-1957.

Entre 1950 et 1953, l'usine s’étend vers l’ouest. Dans un premier temps, des terrains supplémentaires appartenant à Jodot de l'autre côté de la voie du CFD, jusqu'alors occupés par les Caves du Gâtinais, sont acquis. L'évolution la plus notable de cette période est la construction de l’atelier CC1 dédié à la fabrication des câbles d’énergie en caoutchouc (n°4). Deux tours, de 30 et 50 mètres (étoile A sur le plan), y sont installées en 1959 [3] et 1966 pour la vulcanisation verticale des câbles de moyenne tension. L'atelier CC1 bénéficie de plusieurs extensions vers le nord et surtout vers l'ouest à l'occasion de l'installation des tours, puis à plusieurs reprises entre 1969 et 1980 (n°8 et 16). En 1982, une tour de 18 mètres est construite pour la fabrication du PVC pour enrobage (étoile B).

Le rachat de la tannerie Jaudin-Carré en 1956 permet dans les mois qui suivent l'installation de l'atelier TTC (tréfilerie, toronnage et câblage des câbles d’énergie, n°7). La cour centrale est partiellement couverte en 1963. Il est à noter qu'une campagne photographique exhaustive de l'usine a été effectuée en juin 1957, dont les vues aériennes obliques sont consultables sur le site Remonter le temps (lien web en bas de page).

Avec l’acquisition des ateliers Besson en 1972-1974, la croissance de l’usine se poursuit par la construction des CC2 en 1974 (n°11), CC3 en 1988 (n°12) et CC4 en 1995 (n°13). Il s’agit notamment de relever le défi de la très haute tension. Grâce aux nouveaux terrains disponibles, l’usine est complétée au sud-ouest par le long atelier CT2, construit de 1973 à 1976 pour honorer les abondantes commandes du « plan de rattrapage du téléphone » décidé par le président Valéry Giscard d’Estaing [4]. L’entreprise est la première à installer en 1987 une ligne de fabrication verticale (offrant aux câbles la meilleure géométrie possible) sous la forme d’un puits de 100 mètres (étoile C) [5].

Ainsi, au fil des commandes, chaque groupe de bâtiments s’est spécialisé : tréfilage, isolation des câbles basse, moyenne, haute, très haute tensions, fibre optique… Les espaces extérieurs accueillent le flux incessant des tourets vides et pleins, en attente d’expédition par voie routière, ferroviaire ou fluviale.

[1] D. H. et J. M., Historique de la SILEC, « rédigé grâce d’une part aux archives du bâtiment R triées avant destruction, d’autre part aux entretiens […] avec quelques anciens », septembre 1992, p.3.

[2] D. H. et J. M., Historique de la SILEC, ibid., p.4.

[3] D. H. et J. M., Historique de la SILEC, ibid., p.11 ; datation confirmée par le site "Remonter le temps" permettant de repérer la tour sur une photographie aérienne du 20/06/1961 alors qu'elle était absente sur une photographie précédente en date du 03/02/1959.

[4] Ces ateliers ont fabriqué jusqu’à 750 000 km de câbles téléphoniques par mois durant 4 ans.

[5] SILEC, Projet de valorisation du patrimoine historique, industriel, technique et humain de l’entreprise, 2 mai 2011, station 10. Deux stations d’essais des câbles à haute tension sont installées en 1974 et 1987.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Principale : 2e quart 20e siècle
    • Principale : 3e quart 20e siècle
    • Principale : 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1973, daté par source
    • 1979, daté par source
    • 1980, daté par source
    • 1983, daté par source

La SILEC offre une véritable anthologie de l'architecture industrielle ordinaire, caractéristique des usines proliférantes de la seconde industrialisation. Son implantation à Montereau-Fault-Yonne débute par l'acquisition de la scierie Jodot en 1934 dont les 3000 mètres carrés couverts sont réaffectés en bureaux, poste de garde et laboratoire. L'acquisition de terrains limitrophes auprès de Jodot permet la reconversion de bâtiments ruraux situés le long de la rue Varennes-Prolongée : un ancien corps de ferme en meulière blanche, prolongé ultérieurement par un bureau d’accueil, l'ancien atelier d’un sabotier, sa maison et, à l’arrière, ses écuries surmontées d’une lucarne à foin. Des bâtiments construits pour l'activité de la scierie, il demeure un atelier à pans de béton et briques brunes locales (provenant de l'usine de céramique Baudelot) ainsi qu’une horloge à 4 faces qui pourrait également dater de la période Jodot.

Les premières constructions dues à la SILEC sont les 7 halles accolées aux façades-pignons en briques locales rehaussées d'un décor minimaliste en briques rouges (aujourd'hui CT1, n°2 sur le plan ci-dessus). Sous les charpentes métalliques apparentes, d'amples volumes sont destinés à la fabrication des câbles téléphoniques - conducteurs en cuivre isolés au papier sec avec armature en plomb - et de câbles d'énergie isolés au papier imprégné, mis en œuvre par rubanage. Le CT1 occupe aujourd'hui 7 300 m2. Dans ces ateliers tournent les assembleuses, toronneuses et câbleuses, « machines dont certaines rappellent les appareils employés dans la fabrication de câbles textiles [1] ». La halle sud abrite encore aujourd'hui une assembleuse permettant de « tordre » jusqu’à 120 bobines de fil pour la fabrication de câbles de 500 kilovolts [2]. Dans cette même partie de l’usine débute également, dès 1936-1938, la fabrication de câbles isolés au caoutchouc naturel. Mais la pénurie de ce matériau durant la Seconde Guerre mondiale réoriente la SILEC vers la recherche en chimie des isolants de synthèse.

L'atelier CC1, à structure métallique, remplissage de briques et couverture de sheds occupe environ 7 000 m2 à l'origine (n°4 sur le plan). Il couvre aujourd'hui 9 400 m2. Ce type d'architecture, généralement choisi pour des activités nécessitant une main-d'œuvre abondante, abrite la fabrication de câbles d'énergie en caoutchouc naturel puis synthétique (commandes EDF). Trois tours sont aujourd'hui visibles sur ce bâtiment : une première, haute de 30 mètres est installée en 1959 pour la vulcanisation verticale des câbles de moyenne tension, une seconde, plus haute (50 mètres) lui est accolée en 1966, et une troisième de 18 mètres est ajoutée au sud en 1982. Les tours accolées en pans de métal et couverture de béton présentent les caractéristiques du bâti industriel des années 1950. A DEVELOPPER

L'extension territoriale se poursuit au nord avec la réaffectation des bâtiments de l'ancienne tannerie Jaudin-Carré, acquis en 1956 (voir le dossier consacré à la tannerie Jaudin-Carré). Ces bâtiments abritent l'atelier TTC (8 000 m2, n°7 sur le plan) : tréfilerie, toronnage et câblage des câbles d'énergie. La cour centrale est partiellement couverte en 1963.

La SILEC s'agrandit définitivement et de manière significative avec l'acquisition de l'usine de construction métallique Besson en 1974 (voir le dossier consacré à l'usine Besson), reconvertie en CC2 (9 000 m2, n°11). Les 2 halles centrales de 2 000m2, hautes de 12,4 mètres pour loger 18 grues pivotantes, sont coiffées d’une charpente métallique à entraits en treillis et couverture en sheds (un exemple devenu rare en Ile-de-France, notamment depuis la démolition, en 2016, de l'atelier de grosse chaudronnerie de l'usine Babcock et Wilcox de La Courneuve). Les extensions réalisées dans les années 1980 et 1990 accueillent les ateliers CC3 (5 300 m2, n°12) et CC4 (7 700 m2, n°13). Enfin, les terrains disponibles permettent la construction de l'atelier CT2 (13 000 m2, n°14), qui met en œuvre le plan de rattrapage téléphone avant d'être reconverti en atelier de fabrication de câbles de fibre optique puis en atelier haute tension.

Respectant un principe d'aménagement tirant parti au maximum du bâti des usines successivement acquises, les constructions nouvelles entreprises par la SILEC expriment une forte logique de rationalité et d’économie, sans élément décoratif. Durant ces huit décennies d’expansion, la politique patrimoniale adoptée par la SILEC a contribué à modérer sa visibilité sur le territoire, favorisant la cohabitation de l’usine avec les quartiers résidentiels avoisinants. Son principal signal demeure sa tour de 50 mètres, désaffectée depuis 1998.

[1] J. Hesse, « Fils et câbles électriques », Larousse de l'industrie et des arts et métiers, Paris, 1935, p.604.

[2] SILEC, Projet de valorisation du patrimoine historique, industriel, technique et humain de l’entreprise, 2 mai 2011, station 3.

[3] « Etablissements A. Besson », dans Brie et GâtinaisL’Opinion économique et financière, décembre 1953, p. 183. Un plan daté du 3 décembre 1969 indique à cette date une surface de 25 093 m², soit 14724 couverts et 10 369 non couverts (AD77, 190J245).

[4] AD77, SC5070/3, note de M. Dubeuf, directeur, 21 décembre 1951, et « Plan des usines de Montereau », 10 août 1939.

  • Murs
    • meulière moellon
    • métal pan de métal
    • brique
    • béton pan de béton armé
    • béton parpaing de béton
  • Toits
    tuile mécanique, métal en couverture
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
    • charpente en bois apparente
    • charpente en béton armé apparente
  • Couvertures
    • shed
    • toit à longs pans
    • terrasse
  • Énergies
    • énergie électrique
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Câblerie SILEC (Société Industrielle de Liaisons Électriques de Chalettes). Demandes d'autorisation d'implantation d'établissements classés dangereux, insalubres ou incommodes - régularisation de la situation administrative, plans.

    Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : 2875W149/1
  • Câblerie SILEC (Société Industrielle de Liaisons Électriques de Chalettes). Demandes d'autorisation d'implantation d'établissements classés dangereux, insalubres ou incommodes - usine de fabrication de câbles électriques, extension de certaines activités, plans.

    Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : 2875W387/1
  • Câblerie SILEC (Société Industrielle de Liaisons Électriques de Chalettes). Demandes d'autorisation d'implantation d'établissements classés dangereux, insalubres ou incommodes - usine de fabrication de câbles électriques, modification et extension de certaines activités, plans.

    Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : 2875W456/2
  • D. H. et J. M., Historique de la SILEC, « rédigé grâce d’une part aux archives du bâtiment R triées avant destruction, d’autre part aux entretiens […] avec quelques anciens », septembre 1992.

Bibliographie

  • Nicolas Pierrot et Nathalie Hubert (dir.), L'industrie au vert : patrimoine industriel et artisanal de la vallée de la Seine en Seine-et-Marne, Paris, Somogy éditions d'art, 2017, 295 p.

    p. 194-201
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2017, 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
(c) Conseil départemental de Seine-et-Marne
Pierrot Nicolas
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Drouin-Prouvé Delphine
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Architecte DPLG, Région Île-de-France.

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Hourdebaigt Cindy
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Stagiaire au service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France, de novembre 2022 à février 2023.

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