Dossier d’œuvre architecture IA77000946 | Réalisé par
Förstel Judith
Förstel Judith

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Maraud Damien (Rédacteur)
Maraud Damien

Stagiaire au service Patrimoines et Inventaire en avril 2019.

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  • opération ponctuelle
Hôtel de ville
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune La Ferté-sous-Jouarre
  • Lieu-dit
  • Adresse place de l'hôtel de ville
  • Cadastre 2017 AK1 219
  • Dénominations
    hôtel de ville

Occupant l'un des côtés de la grand'place de La Ferté-sous-Jouarre, en vis-à-vis de l'église paroissiale, l'hôtel de ville est une oeuvre monumentale très caractéristique des créations de la IIIe République. Inauguré en 1885, il a été construit sur les plans de l'architecte parisien Paul Héneux, qui a aussi édifié dans les mêmes années l'hôtel de ville des Lilas, en banlieue parisienne. Les deux édifices sont d'ailleurs très proches, tant dans leur plan que dans leur décor. Celui-ci, particulièrement riche et bien conservé, contribue à l'intérêt de cet hôtel de ville qui marie l'affirmation de la République aux références historicistes.

L'hôtel de ville de La Ferté-sous-Jouarre a été construit entre 1881 et 1885 sur les plans de l'architecte parisien Paul Héneux, également auteur de la mairie des Lilas, en banlieue parisienne. Il a été édifié à l'emplacement de l'ancienne mairie, qui comportait deux niveaux de caves.

Le projet a été choisi à l'issue d'un concours organisé par la municipalité en 1881. Les 2e prix ont été attribués à Ch. Wable et H. Zobel, et les 3e prix, à Tassu et L. David, tous quatre architectes à Paris.

Les travaux de maçonnerie ont été exécutés par les entrepreneurs parisiens Salesse et Lécosse, la charpente, par les ateliers Triaud de Reims. Le décor, particulièrement soigné, a été réalisé par Albinet pour la sculpture architecturale (par exemple, les chapiteaux des colonnes à l'entrée), Bernard pour la serrurerie, Avenet pour les vitraux. La menuiserie a été confiée à un artisan local, Deshayes, qui a d'ailleurs inscrit son nom aux côtés de celui de l'architecte, dans un médaillon au plafond du couloir situé derrière le vestibule. Les mosaïques de pavement sont dues à la maison Facchina et les carreaux de céramique vernissée ornant les cheminées sont des produits de la Faïencerie Loebnitz à Paris.

La chimère qui orne le départ de l'escalier d'honneur, ainsi que le buste de la République, sur la cheminée de la salle des fêtes et des mariages, sont l'oeuvre du sculpteur Maximilien Bourgeois, qui est également l'auteur de plusieurs sculptures conservées dans l'hôtel de ville : une allégorie de La Ferté-sous-Jouarre et un buste de Guillaume Budé. Le décor peint de la salle des mariages, avec son Cupidon tirant une flèche, porte la signature du peintre Léon Glaize, à qui l'on doit aussi les deux grands tableaux ornant le vestibule : "La Trahison de Dalila" et "L'allégorie de la guerre de 1870", ode à la République chassant l'Empire, à mettre en relation avec le "Triomphe de la République" exécuté en 1891 par le même artiste pour la mairie du XXe arrondissement de Paris. Enfin, le médaillon représentant Jacques Amyot, sur la cheminée du bureau du maire (aujourd'hui occupé par son chef de cabinet), est l'oeuvre d'Ernest Leblond, un amateur, ami de Paul Héneux.

L'hôtel de ville de La Ferté-sous-Jouarre s'élève en plein coeur de la ville. Sa façade, très monumentale, est fondée sur un rythme ternaire. Un large perron dessert un avant-corps ouvrant sur la place par un porche à trois arcades, « rappelant le parloir aux bourgeois des hôtels de ville du Moyen Âge ». A l'étage, les trois fenêtres à meneaux de la salle des mariages donnent accès à un balcon filant. L'ensemble est surmonté par un toit d'ardoise à forte pente, avec un étage de comble éclairé par trois lucarnes à fronton triangulaire. Celle du centre, plus élevée, porte les armes de la ville et possède un petit balcon. La toiture est couronnée par un campanile coiffé d'une flèche en plomb, sur lequel est installé l'horloge municipale.

Le style s'inspire de l'architecture des XVe et XVIe siècles, incarnée par exemple par l'hôtel de ville de Compiègne. Ces références historicistes sont fréquentes dans les hôtels de ville de la IIIe République : outre la mairie des Lilas, qui est l'oeuvre du même architecte, on peut par exemple citer, à titre de comparaison, l'hôtel de ville de Vincennes (1887).

La distribution d'origine est encore en grande partie conservée. L'entrée principale se fait par le porche, qui donne accès à un vaste vestibule. Celui-ci dessert les pièces du rez-de-chaussée, destinées initialement à abriter le bureau du maire, son secrétariat et la justice de paix. Dans ce vestibule est implanté le grand escalier d'honneur en chêne, dont le départ est orné par une chimère tenant un écu aux armes de La Ferté-sous-Jouarre. Au premier étage, se trouvent la salle des mariages et des fêtes, et la salle du conseil. Cette dernière a conservé ses fauteuils, timbrés des armes de la ville. Le décor de la salle des mariages est encore plus remarquable, avec d'un côté, une superbe cheminée ornée d'un buste de la République, et de l'autre, une peinture murale représentant un Cupidon archer au-dessus d'une inscription destinée aux jeunes mariés, vantant les mérites de la famille, "base de la société".

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • meulière
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • flèche carrée croupe
  • Techniques
    • sculpture
    • menuiserie
    • ferronnerie
    • peinture
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Une demande de label "patrimoine d'intérêt régional" a été déposée par la commune en 2019.

Bibliographie

  • Le patrimoine des communes de la Seine-et-Marne, éditions Flohic, 2001.

    p. 541
  • Gloc-Dechezleprêtre, Marie. "Hôtels de ville au XIXe siècle : architectures singulières", Livraisons d’histoire de l’architecture, 2001-1, p. 27-49. En ligne sur Persée (voir rubrique "liens web").

    p. 45

Périodiques

  • Croquis d'architecture.

    1880, n° 5 et 1881, n° 6.
  • La Construction lyonnaise.

    février 1880, t. 1, n° 11, p. 126-127 et mai 1880, t. 1, n° 14, p. 159 : concours pour l'hôtel de ville de La Ferté.
  • La Construction lyonnaise.

    août 1883, t. 3, n° 5, p. 58 : adjudication des travaux, 29 septembre 1883.
  • La Construction moderne, périodique accessible en ligne (voir la rubrique "liens web").

    1ère année, no. 6, 21 novembre 1885, p. 71 : inauguration de l’hôtel de ville.
  • La Construction moderne, périodique accessible en ligne (voir la rubrique "liens web").

    2e année, numéro 9, 11 décembre 1886, et numéro 10, 18 décembre 1886 : notice (p. 101 - 102, p.112 - 113) et pl. 15 à 17 (élévation, plans, coupe)
  • RAGUENET, A. Monographies de bâtiments modernes. Publication mensuelle. Paris : Ducher, 1888-1914.

    N°4 : Notice sur l'hôtel de ville de La Ferté. Plans des niveaux. Coupe. Elévation principale. Vue perspective d'ensemble
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Förstel Judith
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Maraud Damien
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