Dossier thématique IA00141477 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne (Rédacteur)
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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  • enquête thématique régionale
Les lycées franciliens au temps des remises en cause, 1970-1985
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  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

LES LYCEES FRANCILIENS AU TEMPS DES REMISES EN CAUSE, la réinvention du modèle dans les villes nouvelles (1970-1985)

 Dès le milieu des années 1960, les plans-types élaborés par le ministère de l’Éducation nationale sont vivement remis en cause car suspectés de ne répondre qu’à des objectifs quantitatifs et d’ignorer la nécessaire corrélation entre l’architecture et la pédagogie. Dans un retentissant article paru en 1971 et intitulé « Qui nous délivrera de l’école-caserne ? », Georges Mesmin, ancien directeur de la DESUS, dénonce la tyrannie des normes : « la lourdeur des bâtiments, la froideur des vastes espaces nus baptisés cours de récréation, le caractère impersonnel et répétitif des classes, des réfectoires, tout contribue à écraser les élèves […]. Ceci est très grave car l’école est la première expérience de vie sociale de l’enfant. Selon qu’elle est rébarbative ou accueillante, son intégration ultérieure à la société sera plus ou moins difficile […]. L’école-caserne que l’on continue de fabriquer prédispose le futur citoyen à la révolte » [1]. Ce réquisitoire est d’autant plus pertinent que le mouvement de mai 1968 est particulièrement suivi dans les lycées, où il atteint son apogée en 1973 avec la mobilisation contre la loi Debré[2]. Les propositions formulées en mars 1968 lors du colloque d’Amiens « pour une école nouvelle » (assouplissement des règlements intérieurs des établissements, allègement des programmes, abandon du rapport d’autorité maîtres-élèves au profit de méthodes d’enseignement privilégiant la participation, le travail en équipe et les interactions avec le monde extérieur) tardent pourtant à être mises en application, alors qu’elles promeuvent l’idée que les lycées sont appelés à devenir des « micro-villes au sein de la macro-ville ».

Cette conception s’incarne avec force dans les cinq villes nouvelles qui voient le jour autour de Paris dans le cadre du Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Parisienne (SDAURP),  rédigé sous l’autorité de Paul Delouvrier. Elles sont envisagées par l’Etat comme une réponse à l’explosion démographique et à l’engorgement de la capitale. La mise en service rapide de nouveaux équipements scolaires y constitue un véritable défi, dans la mesure où elle doit s’opérer simultanément à l’arrivée des habitants et contribuer à l’animation des quartiers fraichement sortis de terre. Leur statut dérogatoire permet aux architectes de s’y réapproprier la maîtrise d’œuvre et d’y conduire, à contre-courant de la standardisation ambiante, des expériences sur l’intégration des établissements à la cité et la polyvalence de leurs espaces. C’est ainsi qu’entre 1971 et 1973, Guy Bisson édifie, pour le premier centre de Saint-Quentin-en-Yvelines, un lycée-maison sociale traversé par une voie publique, en recourant délibérément à une trame de 7,20 mètres.

À partir du milieu des années 1970, la généralisation de ce maillage plus large et les préconisations de la circulaire du 22 octobre 1981, qui encourage les études préalables et la liberté du mode de réalisation (prototypes agréés par le ministère ou construction traditionnelle), permettent de sortir progressivement de la typologie du lycée en barres. En 1985, lorsque le bilan de la politique technique et architecturale du ministère de l’Éducation nationale, confié à Jean Millier, président de la Commission interministérielle pour la qualité des constructions publiques, aboutit à renoncer aux modèles, le moule est définitivement cassé. 

[1] MESMIN, Georges, « Qui nous délivrera de l’école-caserne ? », L’Architecture d’Aujourd’hui, n° 64, février-mars 1971, p. 18-19.

[2] Loi sur la réforme du service militaire prévoyant, notamment, l’abrogation des sursis pour études au-delà de 21 ans.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 20e siècle
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
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Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

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