Dossier thématique IA00141476 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne (Rédacteur)
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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  • enquête thématique régionale
Les lycées franciliens "sous l'empire des trames", 1955-1975
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  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

LES LYCEES FRANCILIENS "SOUS L'EMPIRE DES TRAMES" [1]  (1955-1975)

La génération du baby-boom atteignant l'âge d’accéder à l'enseignement secondaire, la demande croissante des familles mais aussi l‘allongement de la durée de la scolarité obligatoire constituent les principaux facteurs démographiques et historiques qui expliquent l’élan de construction massive des années 1960. Outre les innombrables extensions des établissements historiques, plus de soixante-quinze lycées sont édifiés en Île-de-France au cours de cette période, accueillant progressivement la mixité entre leurs murs.

Devant l’impérieuse nécessité de bâtir en quantité, rapidement et à bas coût, l'État répond par une hyper normalisation de principes architecturaux. En 1956, le ministère de l’Éducation nationale se dote pour cela d’un service dédié, la Direction des équipements scolaires, universitaires et sportifs (DESUS). Moment charnière dans la planification centralisée pour l'équipement scolaire, la France incarne, de ce point de vue, un cas unique.

La DESUS impose des programmes et plans-types, visant la rationalisation. Reposant sur la combinaison de modules assemblés, juxtaposés, superposés et répétés, la normalisation aboutit surtout à la réduction des surfaces et volumes. Bien que l’application de la trame ne révèle pas une mise en œuvre stricte en raison de son inadéquation avec les procédés constructifs disponibles, les normes nationales convergent vers les productions encouragées par l’industrialisation du bâtiment, mise ici au service de la politique d'éducation. Il en découle donc une standardisation accrue des éléments, s’appuyant sur une préfabrication massive (lourde ou semi lourde, plus rarement légère) et autorisant des chantiers simplifiés. Le spectacle systématique des établissements de type barre ne se fait pas attendre, rapprochant ainsi le lycée des grands ensembles de logements contemporains.

Les maîtres d'œuvre retenus appartiennent pour la plupart au cercle des architectes des bâtiments civils et palais nationaux, généralement membres du Conseil général des bâtiments de France auquel sont soumis les grands projets de constructions scolaires. Cet entre soi révèle le défaut de mise en concurrence réelle. Afin de remédier à ce monopole des commandes, l'État progresse vers l'uniformisation des procédures et l'instauration de concours. C'est ainsi qu’à partir de 1962, le concours dit « conception-construction» va faire émerger d'autres maîtres d'œuvre, désormais associés à des ingénieurs et entreprises dès l'état de projet - comme l'illustre le lycée de Sarcelles (Val-d'Oise).

Comme on reprochera aux grands ensembles de nier les valeurs de sociabilité, on déplorera une logique déconnectée de la pédagogie et de la vie collective pour les lycées de cette période. Reposant sur une organisation en unités purement fonctionnelles, les programmes éludent les conditions de confort, de concentration des élèves et de la transmission des savoirs. Peu d’alternatives novatrices voient le jour mais quelques expériences méritent néanmoins d’être signalées, tout particulièrement pour leur plan masse qui cherche à réduire l’impression de grande collectivité. Enfin, le ministère de l'Éducation nationale tente de pallier la monotonie des établissements en réitérant ses appels à la collaboration entre architectes et artistes pour stimuler la créativité du 1% artistique, unique espace de liberté dans la contrainte.

 

[1] VAYSSIERE, Bruno, in Paris à l’école : « Qui a eu cette idée folle… », cat.exp., Paris, éd. du Pavillon de l’Arsenal, Picard, 1993.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 20e siècle
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
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Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne
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Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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