Dossier thématique IA00141475 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne (Rédacteur)
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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  • enquête thématique régionale
Les lycées franciliens des années 1940-1950
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  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

LES LYCEES FRANCILIENS DES ANNEES 1940-1950

Entre élan pédagogique et rêve d’insularité, l’utopie de l’après-guerre (1945-1955)

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, trois facteurs se conjuguent pour inciter le ministère de l’Éducation nationale à ouvrir de nouveaux lycées : l’effort de reconstruction à entreprendre, la saturation des établissements parisiens, jugés vieillis et insalubres et l’extraordinaire élan pédagogique qui souffle sur l’enseignement, mû par la volonté de transformer durablement la jeunesse après la prise de conscience collective provoquée par le conflit le plus meurtrier de l’histoire.

Si la mission de rebâtir et moderniser les 629 équipements du second degré vétustes, endommagés, détruits ou pillés recensés en 1951 paraît immense, les impératifs de simplicité et d’économie en deviennent, en outre, la pierre angulaire. Alors que la naissance du concept de cité scolaire (1946) exhorte à regrouper tous les élèves d’un même secteur géographique, filles comme garçons, âgés de 11 à 18 ans, afin de partager les espaces communs (réfectoire, infirmerie, bibliothèque, collection de modèles et d’instruments scientifiques), les instructions ministérielles de 1949 invitent à abandonner les « machines à instruire » de l’entre-deux-guerres au profit de bâtiments de faible hauteur, de style « pavillonnaire », disséminés sur de vastes terrains boisés. Il en résulte un éclatement du plan-masse et un zonage des fonctions (externat / internat / classes spécialisées).  

Dans Paris, faute de place, les chantiers se limitent à des extensions (Victor-Hugo, 4e ; Montaigne, 6e ; Victor-Duruy, 7e) ou à l’achèvement de projets engagés avant la guerre (Claude-Monet, 13e). À l’inverse, la banlieue et surtout la grande couronne constituent, grâce à leurs opportunités foncières, souvent nées de la désaffectation d’anciens châteaux ou maisons de notables et du démembrement de leurs parcs (Le Raincy, Montgeron), un nouvel eldorado pour les maîtres d’œuvres agréés par le ministère. L’édification de lycées s’y opère selon deux logiques : le regroupement de collèges communaux au sein de locaux neufs et la dynamique des établissements parisiens, qui, fidèles à leur « rêve d’insularité »[1], multiplient les annexes toujours plus loin de la capitale. 

Cette tentation de la campagne rejoint l’aspiration à une réforme pédagogique de grande ampleur. Porté par le travail de la Commission Langevin-Wallon, le directeur de l’enseignement du second degré, Gustave Monod, fonde en Île-de-France, quatre « lycées-pilotes » (Sèvres, Montgeron, Enghien-les-Bains et Neuilly-la-Folie-Saint-James), qui expérimentent au sein de classes pionnières à effectifs réduits la mixité, une organisation et des méthodes inédites.   

Tandis que les premiers effets du baby-boom confrontent les lycées à une augmentation sans précédent de leur capacité d’accueil, quelques architectes familiers de la construction scolaire comme Jean-Pierre Paquet (lycée Balzac, Paris 17e) ou Jacques Barge (lycée Bascan, Rambouillet) s’essaient à l’invention d’une trame régulière, prémices de celle d’1,75 mètre qui sera adoptée en 1952.

 

 

[1] LE CŒUR, Marc, « Les lycées dans ville : l’exemple parisien (1802-1914) », Histoire de l’Education, n° 90, 2001, p. 1.

 

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
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Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

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