Dossier d’œuvre architecture IA75001091 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale
Lycée Claude-Monet
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Paris 13e arrondissement
  • Lieu-dit
  • Adresse 1 rue du docteur Magnan
  • Cadastre 2020 BA 12
  • Dénominations
    lycée
  • Genre
    de filles
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, préau, cuisine

HISTORIQUE ET PROGRAMME

Entreprise avant la Seconde Guerre mondiale, la construction d'un lycée de jeunes filles, annexe du lycée Fénelon, dans le 13e arrondissement, alors l'un des moins bâtis de la capitale (avec seulement 26% de surfaces couvertes [1]), se poursuit après le conflit. En 1939, la Ville de Paris avait fait don à l'Etat, pour ce projet, d'un terrain de plus 11 000 m2 situé rue de Tolbiac.

Il s'agissait d'une partie de l'ancien terrain - d'une contenance de plus de 7,5 ha - de l'usine à gaz d'Ivry, installée dans le quartier au milieu du XIXe siècle et désaffectée en 1935. Il était prévu d'édifier à son emplacement un établissement d'enseignement secondaire (sous l'égide du ministère de l'Education nationale), un institut dentaire et d'y aménager un vaste parc urbain (ces deux dernières opérations étant menées sous la maîtrise d'ouvrage de la municipalité). Roger Lardat et Edouard Crevel, tous deux architectes de la Ville, dessinent respectivement le parc, équipé de plusieurs édicules (kiosque, sanitaires, théâtre de verdure) et l'institut dentaire Georges-Eastman (ISMH 2019), qui prend le nom de l'industriel américain inventeur de la pellicule photographique et fondateur de la maison Kodak à l'origine de sa création philanthropique [2].

Le travail sur le lycée de jeunes filles est, quant à lui, confié à l'architecte Roger Séassal (1895-1967). Né à Nice, ce dernier se forme à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, où il est admis en 1905 et poursuit ses études dans l'atelier de Gabriel Héraud (auteur du lycée La-Fontaine, Paris 16e arrondissement). En 1913, il est lauréat du Grand Prix de Rome. il réalise alors un court séjour à la villa Médicis entre février et août 1914, avant d'être mobilisé. Par la suite nommé architecte des Bâtiments publics et des Palais nationaux, il se voit commander un grand nombre de bâtiments publics jusque dans les années 1960 et participe au chantier de la Faculté des sciences de Paris (1957-1964) aux côtés de Louis Madeline et Urbain Cassan.

interrompu par la guerre, le chantier reprend en 1947. Après l'érection, dans le cadre du plan national Marquet (1935), de trois lycées de jeunes filles dans Paris (Camille-Sée, Hélène-Boucher et La-Fontaine), le futur établissement, 11e lycée de jeunes filles de Paris, prévu pour accueillir 1600 élèves, est lui aussi destiné à désengorger les lycées existants qui ne permettent plus de satisfaire la demande des familles, alors que le baccalauréat est ouvert aux filles depuis 1924 et que l'enseignement secondaire est gratuit depuis 1930. Il doit aussi desservir le sud-est de l'agglomération parisienne.

Le permis de construire, plusieurs fois modifié, est finalement accordé au ministère de l'Education nationale par la Préfecture du département de la Seine le 1er octobre 1949 [3]. Le lycée est implanté à l'angle de trois voies, la rue de Tolbiac, la rue Charles Moureu et la rue du docteur Magnan. Le projet de Séassal est agréé car il présente des avantages incontestables, "tant par sa situation en bordure d'espace libre et de terrains d'éducation physique que dans l'utilisation du sol et dans l'orientation et la distribution des locaux" [4]. Le lycée est en effet tourné vers le parc de Choisy, tout en tirant parti d'une parcelle triangulaire ingrate, sorte de trapèze délimité par trois voies et une place sur laquelle s'ouvre son entrée. Cette forme urbaine, comme à La-Fontaine, impose le principe du lycée-îlot. Elle détermine le plan mais entraîne aussi un gabarit monumental par sa hauteur - la Ville de Paris autorise toutefois ce dépassement, eu égard à la fonction et à la qualité de l'ensemble - qui fait du lycée un repère symbolique de l'instruction républicaine dans la ville.

Le lycée développe ses deux ailes à l'alignement des deux côtés du triangle, le dernier étant fermé par un mur de clôture avec une grille. Cette disposition, conforme au modèle adopté par les lycées de l'entre-deux-guerres (La-Fontaine, Claude-Bernard, Hélène-Boucher), permet de dégager en son centre une vaste cour autour de laquelle s'organise la vie scolaire. Les classes sont toutes orientées vers celle-ci, au sud et isolées du bruit de la rue par de longues et vastes galeries faisant office de préaux couverts.

Aujourd'hui, Claude-Monet est une cité scolaire abritant un collège et un lycée.

[1] Paris et ses quartiers, état des lieux, éléments pour un diagnostic urbain, 13e arrondissement, Paris, APUR, 2001, p. 44.

[2] Le 13e arrondissement, itinéraires d'histoire et d'architecture, Action artistique de la Ville de Paris, Paris, 2000, p. 87.

[3] Archives de Paris, VO13 298.

[4] Idem.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1947, daté par source
    • 1955, daté par source
  • Auteur(s)

DESCRIPTION

Comme au lycée La-Fontaine, réalisé quelques années plus tôt (1935-1938) par le maître de Roger Séassal (l'architecte Gabriel Héraud), la contrainte d'une faible surface, en plein cœur d'un quartier dense, impose le modèle du lycée "à la verticale", mis au point en 1934 au lycée Camille-Sée - c'est-à-dire d'une construction superposant des étages autour d'un espace vide, la cour, ouverte sur un côté, au sud. Le lycée adopte un plan en fer à cheval, avec un corps central haut de trois étages carrés et un étage de comble en léger retrait et deux ailes perpendiculaires présentant trois étages carrés. Les circulations verticales sont placées au milieu et aux extrémités de chaque aile.

La façade principale s'ouvre dans un pan coupé, face au parc de Choisy, sur une petite placette aménagée en jardin. Elle se prolonge par deux ailes perpendiculaires qui se développent à l'alignement des rues Charles Moureu et du docteur Magnan. L'îlot est fermé rue de Tolbiac par deux petits bâtiments bas reliés entre eux par un portique reposant sur deux rangées de colonnes à chapiteaux simples, juste composés d'un tailloir saillant. Si l'on observe ici une continuité avec la typologie des lycées-îlots de l'entre-deux-guerres, il faut néanmoins noter l'abandon du principe d'une complète fermeture sur la ville, le portique permettant une ouverture visuelle vers le tissu urbain entourant l'établissement.

L'entrée principale s'effectue à l'angle des rues Charles Moureu et du docteur Magnan par une volée d'escaliers, précédant trois portes en fer forgé qui donnent accès à un vestibule, encadré par une loge de concierge et un parloir. Celui-ci conduit à une galerie d'honneur (qui pouvait aussi, comme l'indiquent les plans, servir de salle des fêtes) qui dessert les bureaux de l'administration, de la direction, une grande bibliothèque, l'infirmerie et le réfectoire. De part et d'autre de cet ensemble se trouvent deux amples escaliers, qui ont été restructurés et agrandis, côté cour, par deux extensions réalisées par l'architecte Claude Parent (1994-1995). Des étages de classes semblablement distribués occupent les deux ailes en retour. Les classes s'ouvrent vers le sud et la cour, respectant ainsi les principes hygiénistes d'ensoleillement maximal et de ventilation ; elles sont ceintes côté rue de grandes galeries faisant office de vastes paliers pour les interclasses ou de préaux couverts, qui les isolent du bruit de la circulation. Le premier étage abrite quelques salles de collections, le second des classes d'histoire et géographie, ainsi qu'une réserve pour les cartes. Le troisième étage est réservé aux cours scientifiques, chimie et physique, classes d’histoire naturelle et salles aménagées pour les collections ou pour les travaux pratiques. Au quatrième étage, en retrait par rapport aux autres, sous les combles, sont aménagés les salles de dessin, éclairées par des verrières zénithales et des dépôts adjacents pour les modèles. Le sous-sol, qui accueillait autrefois la chaufferie, des caves, des ateliers et un garage, héberge aujourd'hui un gymnase, un dojo, plusieurs vestiaires et une salle de conférence de 150 places.

La structure du lycée est en béton armé, dissimulée sous un revêtement en pierre plaquée, qui confère aux façades un aspect classique, et à l'édifice une allure castrale, virile et antiquisante. Les élévations sont sobres et dépourvues de décor, à l'exception de deux bas-reliefs sculptés installés au-dessus de l'entrée. Exécutés par Armand Martial au titre du 1% artistique (1952-1954), leur sujet n'est pas indiqué dans les archives, bien qu'il s'agisse de deux allégories féminines représentant vraisemblablement l'histoire-géographie et les lettres.

Les huisseries du lycée ont été remplacées à une date récente.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    3 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Techniques
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Annexes

  • SOURCES
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.