Dossier d’œuvre architecture IA75000325 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Chambre de commerce et d'industrie de Paris (Paris 8e arrondissement), salle des fêtes de la
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Paris
  • Commune Paris 8e arrondissement
  • Adresse 27 avenue de Friedland
  • Cadastre 2022 AU 25
  • Dénominations
    salle des fêtes
  • Genre
    d'entrepreneur
  • Destinations
    salle de spectacle

En 1926, Jacques-Émile Ruhlmann est choisi sur concours pour aménager les deux nouvelles ailes de l’hôtel Potocki, alors nouvelle chambre de commerce et d’industrie de Paris. Fort de son succès l’année précédente à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels, il déploie dans la salle des fêtes le même vocabulaire architectural et décoratif que pour l’Hôtel du Collectionneur, son pavillon unanimement salué.

Ruhlmann se trouve confronté à un espace dont les dimensions posent problème. Mal proportionné[1], il donne une impression d’écrasement qui contrevient à l’atmosphère désirée pour une salle d’apparat. L’architecte-décorateur y pallie en tirant parti de l’alignement des baies ouvrant sur le jardin. Grand admirateur du château de Versailles dont il connaît bien les aménagements, il décide de s’inspirer de la galerie des Glaces pour donner de la profondeur à l’espace[2]. Des colonnes cannelées surmontées d’une corniche permettent de cacher un éclairage indirect entre les fenêtres. En vis-à-vis de celles-ci, une série de miroirs accentue la luminosité et renforce l’effet des deux rangées de six lustres qui viennent se refléter à l’infini dans la mise en abyme ainsi créée. Des appliques assorties aux lustres complètent l’éclairage.

Pour le reste de la salle, Ruhlmann choisit des tonalités chaudes et gaies. Les lambris, à l’origine d’un ton vert-doré, offrent un contraste doux avec le plafond fortement grené de couleur rose. Cet élément à la fois technique et décoratif, pensé en concertation avec Gustave Lyon, concepteur de la salle Pleyel, garantit une bonne acoustique[3] lors des concerts et récitals. Des trophées, couleur ocre à rehauts dorés, habillent les dessus-de-porte et alternent avec des médaillons du sculpteur Charles Hairon. Musique, danse ou théâtre, ces motifs allégoriques en staff, déjà présents à l’Hôtel du Collectionneur, constituent une série que Ruhlmann aura reprise pour d’autres projets. Une petite scène aménagée avec l’aide de Louis Jouvet prend place au fond de la salle, tandis que La Danse, bas-relief de Joseph Bernard, surmonte la porte d’entrée principale à l’opposé. Ruhlmann sollicite ainsi les artistes avec lesquels il a déjà collaboré avec succès en 1925 pour concevoir, là encore, un ensemble où rien n’est laissé au hasard : « On ne sait pas s’il éprouve plus de plaisir à concevoir un porte-manteau, une attache, une griffe, un support, tout seul avec lui-même, face à son temps, ou à résoudre le problème contradictoire d’aménager une salle des fêtes moderne dans une architecture qui devait vaguement combiner du Louis XIV et du Second Empire[4] ». Tout comme Charles Hairon, Joseph Bernard s’est illustré comme sculpteur de premier plan lors de cette Exposition majeure où émerge ce nouveau style dit Art déco dont Ruhlmann se révélera être l’un des ambassadeurs les plus illustres. La chambre de commerce de Paris peut ainsi s’enorgueillir de conserver un ensemble remarquable de l’œuvre de Ruhlmann dont la plupart des éléments sont toujours en place aujourd’hui.

[1] « Il est curieux de noter, en effet, que les proportions de la Galerie des glaces de Versailles sont exactement inverses [par rapport à la salle des fêtes à concevoir] : 11 mètres de hauteur pour 8 mètres de largeur ». Citation in VARENNE, Gaston, « Un ensemble de Ruhlmann à la Chambre de commerce de Paris », Art et Décoration, 1928, p. 110-111.

[2] Un avant-projet de la salle présentait une référence encore plus directe : un plafond peint représentant des espaces compartimentés faisant allusion à celui de la célèbre galerie. Voir VARENNE, Gaston, op. cit., p. 111 ou encore VARENNE, Gaston, « Le mouvement des Arts appliqués », L’Amour de l’Art, avril 1928, p. 159.

[3] VARENNE, Gaston, op. cit., p. 111 : « L’acoustique en a été minutieusement réglée par M. [Gustave] Lyon ».

[4] WERTH, Léon, op. cit., p. 274.

Dans cet espace d’apparat tout en longueur, une série de miroirs répondant à l’alignement des baies ouvrant sur le jardin évoque la Galerie des Glaces. Des colonnes cannelées surmontées d’une corniche permettent de cacher un éclairage indirect entre les fenêtres. Deux rangées de six lustres et des appliques assorties viennent compléter l’éclairage de la salle. Les tonalités sont chaudes et les lambris étaient à l’origine d’un ton vert-doré. Ils contrastaient ainsi avec le plafond fortement grené et de couleur rose. Cet élément à la fois technique et décoratif a été pensé en concertation avec Gustave Lyon, concepteur de la salle Pleyel, pour garantir une bonne acoustique lors des concerts et récitals. Des trophées, couleur ocre à rehauts dorés, habillent les dessus-de-porte et alternent avec des médaillons du sculpteur Charles Hairon. Musique, danse ou théâtre, ces motifs allégoriques en staff, déjà présents à l’Hôtel du Collectionneur, constituent une série que Ruhlmann aura reprise pour d’autres projets. Une petite scène aménagée avec l’aide de Louis Jouvet prend place au fond de la salle, tandis que La Danse, bas-relief de Joseph Bernard, surmonte la porte d’entrée principale à l’opposé. Ruhlmann sollicite ainsi les artistes avec lesquels il a déjà collaboré avec succès. La plupart des éléments d’origine sont toujours en place aujourd’hui.

 

  • Murs
    • béton béton armé enduit
  • Toits
    ardoise, zinc en couverture, verre en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • fausse voûte en anse-de-panier
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • extrados de voûte toit à longs pans brisés
  • Typologies
    salle rectangulaire avec scène (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • décor stuqué
  • Représentations
    • représentation figurative, scène profane, scène de genre symbole des arts,
    • ornement architectural, colonne, ordre colossal, pilastre
    • ornement géométrique, carré, chevron, denticule, enroulement, entrelacs
    • ornement figuré, être humain, femme
    • ornement en forme d'objet, instrument de musique, cor de chasse, lyre, mandoline, tambour, livre, masque de théâtre, palette
  • Précision représentations

    Au dessus de la porte d'entrée, frise sculptée de La Danse de J. Bernard, œuvre ornant le Pavillon de l'hôtel du Collectionneur de l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes (Paris, 1925). Tables comprenant des compositions de Ch. Hairon. Écoinçons également ornés d'éléments (objets associés aux arts).

  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public départemental
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    salle des fêtes, couloir, élévation intérieure, lambris, vestibule, voûte
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1991/03/14
    classé MH partiellement, 1991/03/14
  • Précisions sur la protection

    Façades de la salle des fêtes : inscription le 14 mars 1991. Intérieurs, dont vestibule et galerie avec décor : classement le 14 mars 1991.

Bibliographie

  • BREON, Emmanuel, Jacques-Emile Ruhlmann: les archives. Livre 2 : architecture d'intérieur. Paris : Flammarion, 2004

    Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, Paris
  • CAMARD, Florence, Ruhlmann, Paris: Editions du Regard, 1983

    Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, Paris
  • Collectif, Ruhlmann, un génie de l'Art déco. Paris : Somogy, 2001

    Bibliothèque nationale de France, Paris

Périodiques

  • « La nouvelle Chambre de commerce de Paris. Salle des fêtes », L'Architecte, Paris, juin 1928, p.47-48, pl.37

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • « Hôtel de la Chambre de Commerce à Paris », Encyclopédie de l'Architecture. Paris : Albert Morancé, pl.52

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • MARRAST, Joseph (?), « Jacques-Emile Ruhlmann », L'Architecture. Paris, février 1934, n°2, p.40

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • VARENNE, Gaston, « Un ensemble de Ruhlmann à la Chambre de Commerce de Paris », Art et Décoration. Paris, avril 1928, p.109-114

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • VARENNE, Gaston, « Le Mouvement des Arts Appliqués - Un ensemble de Ruhlmann à la Chambre de Commerce de Paris », L'Amour de l'Art. Paris, avril 1928, p.159-160

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • WERTH, Léon, « Ruhlmann », L’Europe Nouvelle. Paris, 3 mars 1928, p. 274

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2017
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