La construction principale a vraisemblablement été construite dans le dernier quart du 18e siècle, comme le suggère la date portée sur le cadran solaire qui orne la façade principale : « LAN II » du calendrier républicain, ce qui correspond aux années 1793-1794 du calendrier grégorien.

Ses dispositions architecturales, notamment l’organisation en travées des ouvertures, l’existence de la corniche moulurée sous l’égout de toit ou encore le soin apporté aux souches de cheminées, trahissent une certaine influence du modèle de la demeure urbaine.

Lors de la réalisation du premier plan cadastral de la commune en 1819, la propriété appartient à Louis-Charles Bertaux[1]. Elle est alors composée de la « maison, bâtiments et cour » (1819 A 1164) ainsi que des jardins (1819 A 1163, 1165, 1166 et 1167)[2]. Curé de la paroisse, Louis-Charles Bertaux a été le premier maire de la commune de Wy entre 1790 et 1792. En 1819, il est propriétaire non seulement de cet ensemble mais aussi d’une maison qui le jouxte au nord (parcelle 1819 A 1162), qui devient la « maison d’Ecole » en 1840, et d’une autre « maison » se trouvant à l’arrière de l’église (parcelle 1819 A 1250), qui accueille le presbytère à partir de 1840[3], ainsi que de nombreuses terres.

Alors qu’à cette date les maisons correspondant à l’école et au presbytère deviennent des propriétés communales, l’ensemble immobilier de l’actuel Musée de l’outil est acquis par un certain Jean Mormand résidant à Neuilly-sur-Seine. Il le conserve jusqu’à son décès au milieu des années 1880 où ses héritiers s’en séparent au profit d’un habitant du village, Julien Maurice, charron de profession[4]. C’est dans ce contexte que l’ensemble est complété, à la charnière des années 1880 et 1890, d’un atelier doté de trois ouvertures. Son descendant, Julien Jean Marie Maurice revend la propriété au début des années 1910 au Vicusien François Gabriel Bossu[5]. Il est probable que la création de la porte charretière aménagée dans le bâtiment bordant la rue de la Mairie date de cette période. C’est en effet à ce moment qu’elle apparaît sur la matrice cadastrale, en tant qu’ouverture imposable.

La propriété renoue avec l’artisanat à la fin des années 1960 lorsqu’elle est rachetée par Claude Pigeard, qui était jusque-là carrossier au sein de l’entreprise Renault. En effet, dès 1969, il fonde une forge accompagnée d’une boutique où sont exposées ses ferronneries d’art. Avec sa femme Françoise, tous deux passionnés par les techniques artisanales anciennes, ils acquièrent de nombreux objets et outils domestiques qu’ils décident de présenter au public en inaugurant en 1977 le Musée de l’outil[6].

A l’occasion des travaux d’aménagement du musée, les vestiges de thermes gallo-romains sont mis au jour. Suite aux deux campagnes de fouilles archéologiques, réalisées en 1976 puis en 1983, les vestiges de l’hypocauste[7] sont classés au titre des Monuments historiques en 1984.

En 1989, les époux Pigeard ouvrent au public le jardin qu’ils ont progressivement aménagé. Inspiré des jardins de curé du Moyen Âge, il est labellisé « Jardin remarquable » par le Ministère de la Culture en 2019.

L’ensemble de la propriété est acquis par le Conseil départemental du Val d’Oise en 2003, suite au décès de Claude Pigeard. Après une campagne importante de restauration, tant des collections que de l’ensemble immobilier, le Musée de l’outil a rouvert au public en 2011.

Il est labellisé Patrimoine d’intérêt régional par la Région Île-de-France en 2018.

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[1] AD Val d’Oise, 3 P 3304, Plan cadastral, Section A, Le Village, 1819 ; 3 P 811, Etat des sections, 1823.

[2] AD Val d’Oise, 3 P 813, Matrice des propriétés bâties et non bâties, folios 1 à 837, 1825-1914.

La parcelle 1167 sort de la propriété au début des années 1870 pour accueillir la nouvelle école et la mairie.

[3] Sur la matrice cadastrale, l’existence du presbytère à l’arrière de l’église (parcelle 1250) et de l’école dans la maison face à l’église (parcelle 1162) n'est mentionnée qu’à partir de 1840 lorsque les parcelles deviennent la propriété de la commune de Wy. Cf. AD Val d’Oise, 3 P 813, Matrice des propriétés bâties et non bâties, folios 1 à 837, 1825-1914.

[4] AD Val d’Oise, 3 P 812, Matrice des propriétés bâties, folios 1 à 110, 1884-1911.

Un charron est un artisan qui construit et répare les trains des véhicules à traction animale, en particulier les roues, tels que les charrettes et chariots (cf. CNRTL).

[5] AD Val d’Oise, 3 P 1645, Matrice des propriétés bâties, folios 1 à 110, 1913-1931.

[6] Les informations relatives à l’histoire du Musée de l’outil proviennent du Dossier de candidature au label Patrimoine d’intérêt régional, réalisé par le Conseil départemental du Val d’Oise en février 2018.

[7] L’hypocauste est le local souterrain renfermant le système destiné à chauffer les bains ou les salles des thermes (cf. CNRTL).