Dossier d’œuvre architecture IA77000651 | Réalisé par
Förstel Judith
Förstel Judith

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • inventaire topographique
fortification d'agglomération
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
  • (c) Département de Seine-et-Marne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Meaux
  • Commune Meaux
  • Cadastre BS 101-102, 119, 255, 298 ; BT 67  ; BP 122  ; BO 355  ; BM non cadastré  ; BN non cadastré

Dès le Bas-Empire, le cœur de la ville a été protégé par une enceinte englobant un peu plus de 8 hectares. Ce "castrum" élevé vers la fin du IIIe siècle est longtemps demeuré la seule fortification maçonnée attestée à Meaux, mais il a été agrandi vers l'est et vers l'ouest à la fin du Moyen Âge. Par ailleurs, un second système de fortification a été mis en œuvre par le comte de Champagne de l'autre côté de la Marne, dans les années 1230, faisant de Meaux une « ville double » où l'antagonisme entre la « Ville » et le « Marché » est longtemps resté très prégnant. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, pour faire face au développement de l'artillerie, ces deux fortifications ont été renforcées. Dans le quartier du Marché a peut-être été édifié un fort dès 1562. Dans le dernier quart du XVIe siècle, la « Ville » sur la rive droite de la Marne se dota pour sa part d'un ensemble défensif moderne, aujourd'hui disparu mais que les récentes fouilles archéologiques menées à l'angle du cours Raoult ont remis partiellement au jour. Sur ce site fut en effet édifié, en 1577-1578, un « boulevard » ou bastion doté d'orillons ronds, complété par une vanne qui permettait de réguler le débit du Brasset. Ce bastion et la tour « du Bourreau » voisine permettaient de flanquer le pont du Marché et la muraille orientale de la ville, parallèle à la rue du Tan ; cette dernière, peu épaisse, fut renforcée en 1594 par des levées de terre. En outre, la porte Saint-Nicolas fut protégée par un « cavalier » (fortification en terre) connu au XVIIIe siècle sous le nom de « Butte des Cordeliers » car il formait alors un monticule voisin de l'église des Franciscains. Le dispositif défensif de la « Ville » fut également complété au nord, avec la fortification du pothuis de Châage en 1588-1590 et la mise en place d'un autre cavalier près de la porte Poitevine, et à l'ouest, avec la construction d'une terrasse au niveau de l'hôpital Jean Rose en 1592. Un demi-bastion appelé le « fort Adam » flanquait cette terrasse vers le pré-aux-mortiers. Dès le milieu du XVIIe siècle, ces fortifications étaient en voie de désaffectation. Plusieurs particuliers, tels que l'évêque de Meaux, obtinrent la jouissance de terrasses converties en jardins. Le démantèlement s'accéléra au XVIIIe siècle, avec le nivellement des fortifications avancées telles que la butte des Cordeliers ou le fort Adam, pour aménager des places publiques. Dans le Marché, c'est tout le pan oriental de la fortification qui fut arasé pour aménager la promenade de Bellevue, plantée de quatre rangées d'ormes en 1755. Par ailleurs, les anciennes portes de ville furent peu à peu détruites afin d'éviter les goulets d'étranglement de la circulation. La porte Saint-Nicolas fut par exemple reconstruite sous Louis XV : un arc de triomphe de style classique remplaça ainsi la fortification militaire. Ce processus s'acheva au XIXe siècle avec notamment la disparition de la porte Poitevine, dans les années 1830.

  • Période(s)
    • Principale : 3e siècle av. JC , daté par travaux historiques
    • Principale : 2e quart 13e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 15e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 16e siècle , daté par travaux historiques

La "Ville", sur la rive droite de la Marne, est celle qui conserve les plus importants vestiges de fortifications. Le rempart du Bas-Empire est toujours présent en élévation au nord des jardins du palais épiscopal. Ailleurs son empreinte est perceptible malgré sa destruction : il constitue une limite parcellaire et surtout il a généré un exhaussement du sol, lié au processus d'accumulation des sédiments, qui est plus important à l'intérieur qu'à l'extérieur du rempart. Les rues Bossuet et Tronchon correspondent ainsi à la partie intérieure du castrum, tandis que les rues Longpérier et des Ursulines sont situées à l'emplacement du fossé supposé bordant la fortification. On peut en outre connaître le tracé de cette première enceinte de la ville grâce aux nombreux vestiges encore visibles dans plusieurs caves, par exemple au n° 20 et 10 rue Tronchon, ou aux n° 3, 5 et 7 rue Bossuet. La hauteur de la fortification est estimée à environ une dizaine de mètres pour une largeur minimum de 3,50 m. La mise en œuvre des fondations se caractérise par un mortier de tuileau ennoyant les blocs, dont la couleur rose est très caractéristique. Parmi les blocs sculptés retrouvés en remploi dans la fondation de ce castrum, certains proviennent de la destruction d'autels païens. Ce castrum a été agrandi vers l'est et vers l'ouest, sans doute à la fin du Moyen Âge. Les fossés entourant cette enceinte élargie ont été convertis en boulevards aux 18e et 19e siècles : le cours Raoult, le boulevard Jean-Rose et le cours Pinteville marquent donc la limite de la « ville close » de la fin du Moyen Âge. Plusieurs tours de cette enceinte subsistent. La seule à présenter une élévation complète, avec un toit en croupe circulaire, est la tour des Arbalétriers ou tour Chuquet, sur le boulevard Jean-Rose ; elle fut « augmentée et couverte de mérien (bois) et de tuile l'an 1487 » ; l'une de ses salles fut accordée en 1563 à la compagnie du jeu d'arc et d'arbalète qui s'entraînait sur la terrasse adjacente. Les autres tours encore présentes dans le paysage urbain sont découvertes et partiellement arasées : la tour du Bourreau dans l'angle sud-est de l'enceinte, la tour Bourgeoise (ou tour de la Halle) dans le jardin du 2 place Saint-Maur, la tour de la Platrière dans le remblai de la voie ferrée, cours Pinteville et la tour du Bastion dans la cour du lycée Henri Moissan. Les fouilles menées à l'angle du cours Raoult et du quai ont en outre mis au jour le bastion ajouté vers 1577 au sud-est de cette enceinte. L'étude archéologique a montré la qualité de sa mise en œuvre, avec un socle maçonné plein, d'une épaisseur maximum estimée à 4 m, et un parement très bien appareillé. Sur l'autre rive de la Marne, il a aussi existé un important ensemble fortifié mais il en reste peu de vestiges. On conserve un pan (remanié) de la courtine méridionale, le long du canal de Cornillon, ainsi que la base de deux tours : la tour de Coutances à l'angle sud-est de l'enceinte, au bord de la Marne, et celle de la tour des Apprentis dans le jardin du 16, rue de la Grande Île.

  • Murs
    • calcaire
    • moellon
    • pierre de taille
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1910/06/15
  • Précisions sur la protection

    Les restes de l'enceinte gallo-romaine servant de soutènement à la terrasse du jardin de l'évêché ont été classés par arrêté du 15 juin 1910.

  • Référence MH
Date d'enquête 2012 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
(c) Conseil général de Seine-et-Marne
Förstel Judith
Förstel Judith

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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